Propulser le génie montréalais en orbite

Cet article a d’abord été publié dans La Presse+ du 27 février 2025.

« Je n’ai jamais vu un tel niveau d’effervescence en plus de 30 ans », indique Luigi Pozzebon, vice-président des systèmes satellitaires à l’entreprise MDA. Le centre de recherche, de développement et de production de Sainte-Anne-de-Bellevue où sont développés certains des satellites de communication les plus sophistiqués au monde doublera bientôt de superficie. Des contrats majeurs nécessitent l’embauche de plus de 250 personnes dans tous les départements. À quoi pourrait ressembler une carrière au sein de cette division montréalaise d’une entreprise internationale ?

Des défis hors de ce monde

L’industrie spatiale a de quoi étancher la soif de défi des esprits inventifs. Chaque kilogramme d’un satellite représente des dizaines de milliers de dollars en coûts de lancement, ce qui encourage la réduction de sa taille et l’utilisation de matériaux ultralégers. Les composants doivent pourtant résister à la pression acoustique démesurée et aux vibrations aléatoires de la fusée qui le transportera jusqu’à son orbite.

Une fois dans l’espace, le satellite endure chaque jour des cycles chaud-froid variant de -170 °C à 170 °C. Il est bombardé par la radiation solaire. « Sans oublier que les satellites doivent demeurer fonctionnels pendant des années, sans possibilité de réparation du matériel », ajoute François Fontaine, directeur de l’ingénierie à MDA.

Génie collaboratif

À MDA, développer des produits capables d’endurer des conditions aussi extrêmes nécessite la collaboration de quelque 1400 personnes. Presque tous les domaines du génie sont représentés ; il faut entre autres concevoir des circuits imprimés parmi les plus avancés qui soient contenant des puces pouvant traiter des quantités massives de données, puis les logiciels utilisés à bord (et au sol), des systèmes mécaniques ultrarobustes, des antennes d’une grande précision… et, même, inventer les équipements de test pour s’assurer que le tout fonctionne.

S’investir, du concept au lancement

Autre particularité de MDA, ce sont ses professionnels du génie, qui participent non seulement à la conception, mais aussi à l’essai, à la fabrication et parfois même au lancement des satellites. « Comme concepteur ou conceptrice, pouvoir suivre l’évolution complète d’une pièce permet de s’améliorer continuellement », explique François Fontaine.

Les astres s’alignent

Mondialement reconnue pour son expertise en très haute technologie de l’espace, MDA entre dans une nouvelle ère de son histoire. Des contrats décrochés auprès de Telesat et de Globalstar nécessitent la fabrication de constellations de satellites destinés à l’orbite basse (low Earth orbit, ou LEO) comprenant des centaines d’unités. Tout cet équipement est surtout utilisé pour offrir des services de télécommunications à haut débit aux entreprises, de même que dans les régions isolées. Ils permet également de fournir une connectivité aux appareils mobiles lorsque les réseaux cellulaires terrestres ne sont pas disponibles.

L’entreprise, jusqu’alors habituée à livrer un satellite sur mesure tous les deux ans, revoit maintenant ses activités afin d’en produire deux chaque jour. Ce pivot vers un grand volume de production requiert une approche complètement différente qui offre aux génies l’occasion de s’épanouir pleinement.

Les équipes sont encouragées à pousser la conception toujours plus loin, car chaque bonne idée peut représenter d’énormes économies en temps ou en coûts de production. L’entreprise offre ainsi un fabuleux terrain de jeu aux professionnels du génie de tous âges et de toutes les spécialités, où une passion pour la très haute technologie peut véritablement prendre son envol « Parce que l’ADN de MDA, ce sont les gens », ajoute François Fontaine.

Faire briller la relève

À la dernière année de son baccalauréat en génie électrique, Alice Kazarine a appris que MDA avait une division satellitaire à Montréal. Elle y a vu une occasion de réaliser son rêve d’enfance : travailler dans le domaine aérospatial.

Cette passionnée rejoint l’organisation dès la fin de ses études. Elle y conçoit des cartes de circuits imprimés dans le cadre de l’élaboration d’une gamme de produits de satellites définis par logiciel qui constitue la pièce maitresse de Telesat Lightspeed. Cette constellation de 198 satellites vise à offrir partout dans le monde une connectivité spatiale semblable à celle de la fibre optique.